Cet ouvrage d'un religieux de l'Ordre des Prêcheurs à Brazzaville livre ces méditations à l'occasion de la l'année de la vie consacrée par le Pape François en Afrique. L'auteur s'interroge sur aussi bien sur la manière d'être africain tout en étant totalement consacré à Dieu, il questionne la notion de famille élargie appliquée à la famille religieuse. Il souhaite démontrer que la vie consacrée en Afrique traverse aujourd'hui les mêmes problèmes de la consécration à Dieu, de tous les temps et de tous lieux; qu'il n'y a pas une suite du Christ à coloration africaine.
Le pape Jean Paul II a dit aux évêques du Kenya : « Le Christ lui-même, dans les membres de son corps, est africain ! » Nul ne s’étonnera donc que le Mystère pascal offre aujourd’hui aux théologiens africains un lieu privilégié de recherches et de réflexions, dont le présent ouvrage, en trois parties, vient restituer le fait et l’importance. La mort et la vie sont en effet en Afrique l’objet d’une médiation séculaire. La première partie de l’ouvrage, intitulée « Célébrer la Pâque du Seigneur », décrit longuement la pratique liturgique des communautés chrétiennes d’Afrique. La seconde partie, intitulée « Jalons pour une théologie africaine du Mystère pascal », dit assez bien ce qui est ici tenté : accepter de regarder la mort de Jésus dans le miroir de la tradition ancestrale ; ne pas craindre de soumettre la mort africaine au jugement du message évangélique ; et au terme de cette double démarche, oser dire ce qui fait la nouveauté de Pâques. Car, en Afrique comme ailleurs, la foi pascale est « scandale » et « folie » ; mais là aussi, elle se révèle « puissance et sagesse de Dieu » (I Co 1). La troisième partie a pour titre : « Témoins africains de la Résurrection ». Dès l’âge apostolique la terre d’Afrique a reçu la Bonne Nouvelle ; et aujourd’hui encore, il est possible à celui qui sait regarder, de reconnaître que « les aveugles y retrouvent la vue et que les morts y ressuscitent » (Mt 11,5). Une collection de référence en christologie sous la direction de Monseigneur Doré.
Le thème de cet ouvrage peut étonner certaines personnes. Il peut même susciter une objection coriace. Quand il s'agit de méditer sur la vie chrétienne, convient-il d'accorder une place importante à la joie ? L'objection n'est pas superficielle. Il est vrai, le chrétien, d'après la parole du Maître, n'appartient pas au monde. Mais il vit dans le monde d'où il ne sera pas retiré (Jn 17, 14-15). C'est au c¿ur de ce monde qu'il répond à l'appel du Seigneur et qu'il se sanctifie en témoignant de l'amour de son Dieu. Or, les médias (journaux, radios, TV et Internet), en relatant les événements qui ont cours dans notre monde d'aujourd'hui, nous servent à longueur de journée des reportages, réflexions et images sur les souffrances subies et causées dans tous les coins du globe. Ici, c'est un tremblement de terre qui emporte vies humaines, habitations et biens matériels. Là, c'est une inondation qui cause les mêmes dégâts. Plus loin, c'est une bombe qui éclate, un accident qui survient, un crime qui est perpétré. A ces événements soudains et imprévisibles s'ajoutent des situations de souffrances qui s'éternisent en s'aggravant : guerres, famines, maladies endémiques, etc.
Au cours de l'année 2010, l'Église catholique du Congo RDC a vu le cardinal Joseph Albert Malula être reconnu comme héros national du Congo pour sa contribution à l'histoire du pays. Comme l'a souligné alors Mgr Laurent Monsengwo, archevêque de Kinshasa, le cardinal Malula mérite ce titre à plusieurs égards. Héros, il le fut par sa quête incessante de l'excellence et de la perfection. Héros, il le fut en pilotant le groupe du Manifeste de la conscience africaine, qui devait déclencher le mouvement vers l'indépendance. Héros, il le fut enfin par le programme de sa vie, résumé à travers sa célèbre formule "Pour une Eglise congolaise dans un État congolais" où il entendait promouvoir l'émergence d'une Eglise locale authentiquement africaine. Parmi les points les plus innovants de son projet pastoral figurent la promotion d'un laïcat formé et engagé dans l'Église et dans le monde ainsi que l'élaboration d'une ecclésiologie renouvelée. Dans sa vision, les grandes paroisses d'anonymes devraient donner lieu à des communautés ecclésiales plus modestes où les fidèles se connaissent, célèbrent l'eucharistie selon des expressions liturgiques propres et s'engagent à transformer leur milieu de vie. Aujourd'hui, plus de cinquante ans après son ordination épiscopale (1959) et plus de vingt ans après sa mort (1989), le cardinal Malula apparaît comme un prophète de notre temps. Sur bien des points de la vie ecclésiale, il nous sert de précurseur. L'intérêt du présent ouvrage est de faire percevoir à tous, Africains et Européens, la nécessité d'une interprétation critique de la tradition pour des Eglises prophétiques avec des structures concrètes de la communion, basées sur la participation et la solidarité. En revisitant l'oeuvre pastorale du cardinal Malula, Marco Moerschbacher a réussi à dégager l'intuition fondamentale du renouveau pastoral initié par l'évêque congolais, à savoir que l'objectif de tout service et de tout ministère est la communauté chrétienne vivante, immergée dans le monde. L'enjeu majeur de cette étude n'est pas seulement de maintenir vivant le souvenir d'un pasteur exceptionnel, mais de nous inviter à nous approprier son héritage.
