G. Noiriel est l'un des huit historiens qui ont démissionné de la Cité nationale de l'histoire de l'immigration pour protester contre le ministère de l'Immigration et de l'Identité nationale créé par N. Sarkozy, estimant que cet intitulé ne pouvait que conforter les préjugés négatifs à l'égard des immigrés. La contestation a été suivie par 10.000 citoyens. Il explique les raisons de ce mouvement.
"La création dans la France de 2007 d'un " ministère de l'Immigration, de l'intégration, de l'identité nationale et du codéveloppement " a réveillé de profondes controverses politiques ou scientifiques. Cherchant à analyser les causes de cette innovation institutionnelle et ses conséquences sur le droit des étrangers ou de la nationalité, les nombreux travaux publiés à ce sujet, se sont cependant surtout attachés à discuter la définition de la nation qu'ils supposaient être celle du gouvernement, mais se sont pour la plupart heurtés à l'impossibilité de cerner les contours d'une formule aussi équivoque que fuyante : vocable à éclipses, I'" identité nationale" n'a en effet cessé de muter, de disparaître et de réapparaître dans le discours public comme dans l'agenda des priorités gouvernementales, en dépit de la suppression formelle du ministère qui lui avait été dédié. Issu d'un colloque organisé par le CURAPP-ESS Amiens les 12 et 13 avril 2012, cet ouvrage entend soulever de nouvelles questions plutôt que sur la signification de l'identité nationale en elle-même, il propose une réflexion interdisciplinaire sur les usages qui ont été faits de cette notion en analysant, d'une part, les instruments au moyen desquels elle a été reconstruite en catégorie d'action publique et. d'autre part, la normativité susceptible ou non de s'y attacher. Politistes, juristes, sociologues, démographes et anthropologue examinent ainsi les structures, les agents et les techniques qui ont étés mobilisés pour (re-)définir l'identité nationale comme un " problème", avant de s'interroger sur la pertinence de cette notion dans la sphère juridique, sur son potentiel normatif et sur la façon dont elle peut s'articuler avec d'autres notions, comme celle d'" identité européenne"."--Page 4 of cover.
Cet ouvrage remet en question "l'identité nationale" telle qu'elle a pu être définie par différents gouvernements pour lui préférer la référence d'identités plurielles. Les auteurs se penchent ensuite sur les représentations de l'identité nationale dans les arts, les programmes européens ou les conflits. Ils étudient les politiques visant à revivifier les "identités nationales". Enfin, ils analysent les rapports à l'identité nationale que certains groupes minoritaires peuvent entretenir.
Le débat sur l'identité nationale qui a eu lieu en France fin 2009 et début 2010 a été symptomatique d'une méconnaissance criante des travaux sur l'identité. La récupération politique d'une question qui touche à de nombreux domaines n'a pas réellement permis de proposer des réponses sereines. Cet ouvrage revient sur ce débat. L'identité y est alors présentée comme une sorte de fantôme insaisissable et fugace, mais dont la présence se fait ressentir à travers des impressions, des comportements et des réactions émotionnelles.
L'identité nationale a désormais, en France, son ministère. Dans plusieurs pays, en Europe et ailleurs, on célèbre de nouveau la nation, ses racines et sa grandeur supposée. Comment s'agence une telle mythologie ? De quelle manière s'y combinent culte des morts, exaltation de soi, mépris des autres ? Et quelle part prennent donc, dans cette construction, les historiens du national ? Marcel Detienne cherche du côté de l'Antiquité (les Athéniens se disaient autochtones, c'est-à-dire " nés de la terre "), explore le XIXe siècle (Barrès, Michelet), scrute les contemporains (Heidegger, Braudel, Nora). L'" histoire nationale " constitue bien une pièce essentielle du dispositif idéologique. Ce livre, qui conjugue réflexion et actualité, éclaire les arrière-plans des discours sur l'identité et la nation.
A travers une analyse historique, théorique et sociologique, des prises de position et des témoignages, cet ouvrage étudie les fondements de l'identité nationale (ou autre) et en explore les mécanismes et les caractéristiques dans diverses régions du monde. Il présente ses diverses manifestations, particulièrement à la lumière de la mondialisation.
Partant d'événements et de débats récents sur l'identité nationale, cet essai examine les institutions, les conceptions, les émotions caractéristiques de l'ère nationale pour leur restituer leur profondeur historique.
À partir des années 1850, une véritable « internationale raciologique » voit le jour au sein des sociétés occidentales : des sociétés savantes apparaissent, des cours sont dispensés, des revues et des ouvrages sont publiés, des musées exposent des collections de crânes, des cerveaux momifiés aux côtés d’objets ethnologiques. Cette science s’installe au moment où les identités collectives prennent comme référence centrale la nation, au moment où s’affirment et s’exacerbent les identités nationales des États occidentaux. La science des races apporte ainsi sa contribution à la construction des identités nationales au sein des nations occidentales, contribuant à une véritable racialisation des identités dans des États très différents : les anciens États-nations (France et Grande-Bretagne), les vieux Empires multiculturels (Autriche-Hongrie, Russie tsariste puis soviétique), les États-nations en formation tels que l’Allemagne ou encore la Turquie kémaliste.
Que signifie être " Français " ? Cette notion implique souvent l'idée selon laquelle le " vrai " Français, " de souche ", serait un " Gaulois " de race blanche dont les traditions, ancrées dans un " terroir ", se perdraient dans la nuit des temps. C'est dans le domaine de l'anthropologie, ou dans ses marges, entre 1870 et 1945, que se sont élaborées les théories les plus sophistiquées de l'identité nationale. D'un côté, l'anthropologie physique, cherchant à mesurer et à classer les hommes, n'a pas su éviter la question de la " pureté " de la " race française ". De l'autre, l'étude du folklore, visant à recueillir les survivances de traditions paysannes ou artisanales en déclin, a exclu de fait celles de bon nombre de Français qui n'étaient pas " de souche ". Une conception figée de l'identité nationale atteignit son paroxysme avec l'Occupation et le régime de Vichy, mais on la trouve aussi jusque chez les anthropologues antiracistes de l'entre-deux-guerres et les folkloristes du Front populaire. L'auteur retrace la genèse du récit mythique qui a imprégné la communauté scientifique française. Par un curieux effet d'inertie ce mythe, aujourd'hui abandonné par les anthropologues qui ont fait depuis un demi-siècle leur autocritique, est toujours présent dans les mentalités et d'actualité dans la sphère médiatico-politique. Cet ouvrage s'adresse donc, au-delà du cercle des spécialistes de l'histoire des sciences sociales, à tous ceux qui s'intéressent aux débats actuels sur les questions " d'identité ".