Pour identifier les causes du désastre négro-africain, ce livre retrace la longue marche du continent noir vers la pauvreté. A la lumière cette filature, il apparaît qu'il y eut confusion d'une part entre décolonisation et indépendance et d'autre part entre développement et immobilisme. Cet ouvrage décrit les moyens nécessaires pour vaincre l'injustice, le sous-développement et la pauvreté dans lesquels les peuples d'Afrique noire ont été plongés par les stratèges de l'Occident et les élites africaines.
La problématique de la mondialisation en Afrique noire abordée dans ce livre vise à présenter la perceptibilité et les implications de la mondialisation dans cette partie du monde. La mondialisation est vue comme une idéologie insinuant le caractère d’occidentalisation, d’américanisation. Elle est une chance selon certains penseurs. D’autres estiment qu’elle est une idéologie insinuant le néocolonialisme. La mondialisation intégrante conviendrait mieux à l’Afrique noire. Elle s’enracinerait dans l’interculturalité, le dialogue interculturel, la complémentarité culturelle en vue de l’érection d’un village planétaire qui rencontrerait l’unanimité de plus d’un. Par conséquent, tout le monde s’y retrouverait, conformément à l’unité dans la diversité.
L'intégration de l'Afrique noire dans les réseaux planétaires s'est traduite par un "coût de raccordement" très élevé pour le continent. Elle n'aurait jamais pu s'opérer sans l'entremise d'un certain nombre d'intermédiaires : à la fois passeurs et passages obligés, ils mettent en relation, favorisent les échanges, ouvrent les voies du commerce et de la transmission des savoirs. Ces personnages de l'entre-deux interfèrent tout autant qu'ils s'approprient et transmettent les apports extérieurs, en position d'interface entre deux systèmes.
Par bien des aspects, l'Afrique subsaharienne semble étrangère à la mondialisation, ou ce qui est pire encore paraît souvent être sa victime. Les cultures, les religions, l'économie, les guerres, la politique, révèlent bien que la mondialisation est à l'œuvre sur le continent africain, mais ce sont les aspects les plus négatifs qui sautent aux yeux au premier abord : ingérences de toutes les puissances mondiales, dépendance économique voire alimentaire des populations, chosification de la personne humaine, exploitation massive des ressources naturelles. La litanie des affres dont souffre cette partie du monde semble interminable. " L'Afrique va-t-elle mourir ? ", s'interrogeait Ka Mana. Pourtant la vivacité, l'inventivité sont à l'œuvre sur tout le sous-continent subsaharien. L'objectif de cet ouvrage est d'interroger le paradoxe de cette partie du monde qui semble à la fois absente et présente de la mondialisation, passive ou créative, selon plusieurs perspectives : culturelle, économique, politique et religieuse. La fragilité de l'Etat africain aussi bien que les ravages engendrés par l'instabilité politique et les guerres montrent combien il est urgent de se pencher sur l'Afrique subsaharienne, non pas tant comme on s'arrête au chevet d'un malade, que pour écouter les voix de ses enfants qui ont le droit d'être citoyens du monde. La globalisation n'exclut pas la diversité culturelle, et chaque être humain a droit à la sécurité de sa vie et à la liberté de pensée et d'action. Le chemin qui s'ouvre aujourd'hui devant l'Afrique subsaharienne est long et semé d'embûches, mais il est aussi chargé d'espoir
"La fin de la colonisation, officiellement datée en 1960, a été accueillie avec enthousiasme par les populations africaines, car l'accès à la souveraineté politique apportait, en même temps que la liberté, les conditions indispensables au progrès et à l'unité du continent. Mais cet optimisme s'est estompé progressivement au fil des années. L'Afrique, à la fois marginalisée et confrontée à des difficultés de toutes sortes dont les guerres et les catastrophes naturelles, a dû faire face un peu partout à des régimes autoritaires. La situation générale s'est par la suite empirée, lorsque les organismes financiers extérieurs ont décidé de freiner l'endettement. Avec le "balayage" quasi général des régimes autoritaires, le continent, en quête de démocratie, est frappé de plein fouet par une crise généralisée à laquelle il doit faire face : faillite de l'État, crise économique aiguë, vulnérabilité accrue... Dans une mondialisation qu'elle subit plus qu'elle n'en bénéficie, l'Afrique donne néanmoins des signes perceptibles de dynamisme créateur : elle peut ouvrir sa propre voie de développement, fondée sur une véritable citoyenneté et une économie populaire dans un contexte de décentralisation et de reconnaissance de sa diversité culturelle."--P. [4] of cover.